Pourquoi il vaut mieux ne pas accompagner les amis et la famille
La sophrologie, certes, n’est pas vraiment une thérapie par la parole. La personne qui souhaite parler, qui en a plein sur le cœur, qui a besoin de déposer ce qui lui est arrivé, trouvera chez le sophrologue une écouté limitée. Non pas parce que le sophrologue ne sait pas écouter, bien au contraire, mais parce que son outil de travail, la sophrologie, passe par la pratique d’exercices. La séance de sophrologie est donc structurée pour que la plus grande partie du temps soit dédiée à la pratique des relaxations dynamiques et des sophronisations.
Mais, afin de pouvoir proposer un accompagnement conforme aux attentes de son client, il faudra quand-même parler un peu. Le sophrologue démarre son accompagnement par une « anamnèse » c’est-à-dire, une séance où il va poser des questions à son client pour comprendre ses besoins, ses préférences, ce qu’il n’aime pas etc. Le but n’est pas d’analyser son comportement (nous laissons ce travail à nos amis psychologues) mais de mieux comprendre qui il est, et en quoi la sophrologie pourra l’aider.
L'importance de la relation thérapeutique
Pour qu’une relation de confiance, qu’on appelle une « alliance thérapeutique », naisse entre sophrologue et client il faut que celui-ci se sente 100% à l’aise pour se confier. Le thérapeute est une figure neutre et la séance est un espace où le client peut se sentir à l’aise pour être lui-même dans la certitude qu’il sera accueilli et accepté tel qu’il est.
Cette posture de non-jugement est déjà à la base, une posture qui n’est pas toujours aisée à acquérir et à maintenir tous les jours, avec des inconnus, des personnes pour qui nous n’avons pas d’affect. Imaginez comment vous allez réagir quand un de vos clients vous dira qu’il est infidèle à son épouse depuis des années ? Comment allez-vous réagir quand une mère dit gifler régulièrement ses enfants ? Comment allez-vous réagir quand un client vous dira qu’il vole dans la caisse du magasin où il travaille, car il estime être mal payé ? Difficile de rester neutre ? Alors imaginez combien cette difficulté sera multipliée par 200 quand le client en face est votre cousin, votre belle-sœur, le mari de votre meilleure amie… D’ailleurs, est-ce qu’il se sentiront à l’aise pour vous faire ces confidences ?
Ensuite, dans les séances qui vont suivre, il est prévu qu’il y ait quelques courts temps d’échange : en début de séance pour que le sophrologue sache comment va son client depuis la dernière fois et en fin de séance, pour que le client exprime comment il se sent.
La sophrologie n’est pas une technique de relaxation. La relaxation n’est qu’un moyen que nous avons pour permettre à nos clients d’être plus à l’écoute d’eux-mêmes et donc d’ouvrir leur conscience.
Qu’est-ce que l’ouverture de conscience ?
Votre client va progressivement comprendre certaines choses. Il va voir sa vie sous un autre angle, se voir sous un autre angle, et peut-être voudra partager avec vous ses découvertes.
Peut-être que ses prises de conscience seront à l’origine de changements dans sa vie. Parfois des changements radicaux, car il voit maintenant des aspects de ce domaine de sa vie qu’il n’était pas capable de voir avant. Peut-être qu’il voudra déménager, quitter son emploi, divorcer…
Encore une fois, est-ce que votre belle-sœur se sentira à l’aise pour vous dire qu’elle a pris conscience de combien elle se sent malheureuse avec votre frère et qu’elle souhaite divorcer ? Et si elle le fait, allez-vous pouvoir rester neutre face à ça ?
Les questions à se poser
Est-ce que je peux encaisser tout ce que cette personne peut potentiellement me dire ?
Est-ce qu'elle se sentira à l'aise pour se confier à moi ?
Est-ce que ce ne serait pas mieux pour elle d'avoir voir un autre sophrologue ?
Est-ce que notre proximité ne va pas fausser notre relation thérapeutique ?
Est-ce que je vais réussir à rester 100% thérapeute face à cette personne ?
Il s'agit là d'un sentiment très subtile entre deux personnes. Ce n'est pas un simple passage du tutoiement au vouvoiement pour "faire comme si" qui changera tout ce que vous avez déjà partagé avec cette personne. Il est impossible de faire semblant que nous n'avons pas d'affects pour quelqu'un. Et quand nous en avons, il est difficile d'être neutre.
Accepter d'accompagner un proche sera potentiellement nuisible pour lui, car il n'aura pas l'espace de neutralité dont il a besoin mais aussi pour vous, car vous aurez du mal à garder votre posture de thérapeute.
Il n'est pas interdit de partager
Vous connaissez des outils qui peuvent aider vos proches. Vous n'allez pas observer vos enfants, votre conjoint, vos parents souffrir et ne rien faire. Il est évident que vous pouvez partager certains outils avec eux.
Montrez des exercices bien sûr. Expliquez à quel moment ils peuvent les pratiquer, l'importance de la répétition. Ceci est très différent d'un accompagnement thérapeutique sur plusieurs séances. Peut-être que ce simple partage d'outils sera suffisant et aidant pour vos proches. Peut-être aussi que malgré le soulagement apporté, votre proche ait vraiment besoin d'un accompagnement en bonne et due forme, sur plusieurs séances. Si c'est le cas, sortez votre petit carnet d'adresses et envoyez votre proche vers un confrère ou consoeur en prenant bien sûr vos distances sur ce qui va se passer entre eux.
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